mercredi 27 juillet 2011

LES AMOURS DU PIED-DE-LA-CÔTE ILLUSTRATIONS CAMILLE GIRARD-BOCK


Les amours du Pied-de-la-Côte 

illustrations de Camille Girard-Bock


Ci-dessous, deux aquarelles de Camille vous donneront un aperçu de son talent. L’une d’elles présente Aline et Georges le jour de leur mariage et l’autre, l’église où ils ont promis de s’aimer et de s’entraider toute leur vie.

PARAÎTRA À L’AUTOMNE 2011







Clément Fortin en collaboration avec la jeune aquarelliste Camille Girard-Bock présente une édition illustrée de
LES AMOURS DU PIED-DE-LA-CÔTE


C’est avec brio que Camille Girard-Bock communique cette sensibilité aux personnages de mon roman et qu’elle rend chaleureuses les scènes de leur quotidien. Elle n’avait que 16 ans quand elle a entrepris d’illustrer ce roman et de jeter un regard rafraîchissant sur le passé matanais. Passionnée du dessin, elle s’y exerce depuis le berceau.
Les racines de Camille sont matanaises. Sa grand-mère, Claire Fortin, est issue du mariage de Siméon Fortin, né en 1898, au Pied-de-la-Côte et d’Anne-Marie Cazes, née en 1908, à Sainte-Flavie. Ceux-ci ont tenu un commerce dans la rue Saint-Pierre, à Matane. Ils ont quitté Matane quand la Price Brothers et la Hammermill Paper mirent un terme à leur exploitation forestière.
De la première secondaire jusqu’à la troisième, Camille s’est inscrite au programme de concentration en arts plastiques. Elle a expérimenté quelques médiums d’expression avant de jeter son dévolu sur l’aquarelle.
Son intérêt pour l’anatomie du corps humain se reflète dans ses dessins de personnages réalistes et proportionnés. Ce même intérêt pour l’anatomie du corps humain l’a incitée à s’inscrire en sciences biomédicales à l’Université d’Ottawa.
Vous remarquerez sans doute dans son œuvre l’influence des mangas, soit des bandes dessinées japonaises. C’est en dessinant des mangas que l’aquarelliste découvre une technique qui lui devient bien personnelle. Et qui lui permet de nous proposer une riche et abondante iconographie du Pied-de-la-Côte.
L’aquarelliste s’exprime avec les couleurs. Le poète peint avec les mots. Balzac, que d’aucuns qualifient de peintre littéraire, confiait à la comtesse Hanska qu’il peignait ses romans.
C’est en juillet que Camille fête ses 19 ans. Tant de talent la destine à de grandes réalisations.
Comme tout romancier, j’ai rêvé de porter à l’écran Les amours du Pied-de-la-Côte. J’ai aussi rêvé d’ajouter des images aux mots pour mieux faire revivre ce lieu-dit qui a vu naître plusieurs membres de ma famille. Je te remercie Camille de participer à la réalisation d’un de mes rêves.
Clément Fortin
(450) 227-5044
40, rue de la Marquise
Saint-Sauveur  (Québec) J0R 1R4 
Nous vous invitons, Camille et moi, à nous faire vos commentaires.

Oui, vous pouvez réserver un exemplaire dès maintenant en vous adressant à moi :
 40, rue de Marquise
 Saint-Sauveur (Québec)  J0R 1R4
Faites votre chèque à l’ordre de Clément Fortin. Le prix d’un exemplaire est de 39,95 $. Ce prix comprend les frais de port et de manutention. Je vous signale que le tirage est limité à 200 exemplaires.


RECONNAISSANCE

Claude Canuel, le maire de Matane, me fait l’honneur de préfacer cette édition. Je le remercie, lui et ses collègues du Conseil municipal, d’avoir facilité la parution de cet ouvrage.
Je remercie de ses conseils éclairés Maurice Gauthier, un ancien maire de Matane.

Romain Pelletier, de la Voix Gaspésienne, a toujours été d’une aide inestimable à la diffusion de mes ouvrages. Merci, Romain.

Je suis redevable à André Pronovost, romancier et chanteur rock, et François G. Cellier, journaliste, d’avoir répondu avec empressement à mes appels à l’aide. Merci aussi aux journalistes Michel Auger, Yves Boisvert, Hélène Cantin, Johanne Fournier, Thierry Haroun, Solveig Miller, Bryan Myles, Éric Nicol, Rollande Parent, David Santerre et Ernie Wells de leur collaboration à la diffusion de mes ouvrages.

Cette nouvelle édition me permet d’exprimer encore une fois toute ma reconnaissance envers la Société d’histoire et de généalogie de Matane. Son Histoire de Matane et sa revue Au pays de Matane demeurent pour moi une source d’inspiration intarissable. Louis Blanchette, Georgy Bouffard, Léon Boudreau et Claude Otis notamment poursuivent avec enthousiasme l’œuvre entreprise par Antoine Gagnon, Charles-Édouard Vézina et Robert Fournier.

L’Estuaire, la revue d’histoire de l’Université du Québec à Rimouski, a publié plusieurs de mes articles. Merci à ses infatigables artisans Pierre Collins, Paul Laroque et Jean Larrivée

Le Magazine Gaspésie m’a ouvert ses pages avec cordialité. Merci à Jean-Marie Fallu et à toute son équipe.

J’adresse aussi mes remerciements à Lise Whittom Grenier, de la Bibliothèque municipale de Matane. C’est toujours avec empressement qu’elle et son équipe m’aident au lancement de mes ouvrages.

Même si je n’habite plus la région depuis des lunes, le Salon du livre de Rimouski me considère toujours comme « un auteur d’ici ». Je saisis cette occasion pour témoigner ma gratitude à Robin Doucet et à son équipe.

Faut-il encore le rappeler! Sans le dévouement de bénévoles, ces réalisations remarquables seraient impossibles. Aussi peuvent-ils compter sur mon soutien et ma reconnaissance.

Merci à mes lectrices et à mes lecteurs de donner vie à mon roman depuis sa parution, en 1997.

Mon frère Michel, professeur à la retraite de l’Université du Québec à Montréal, m’a guidé dans la présentation de cette nouvelle édition. C’est aussi l’auteur du plan qui apparaît au début de ce roman. Camille a aquarellé ce plan pour lui donner le ton de cette nouvelle édition.

J’ai mis quelques membres de ma famille à contribution. Mon frère aîné, Louis-Georges, administrateur agréé à la retraite, s’est chargé de prendre des photos. Me Jean Fortin, mon neveu et filleul, ingénieur et avocat, a participé à la création du blogue pieddelacote. La docteure Marcelle Girard, la mère de l’aquarelliste, s’est empressée de fournir à sa fille un cadre propice à la réalisation de ses illustrations. Mon frère Claude, un enseignant à la retraite résidant à Matane, distribue mon roman avec bienveillance. Merci à tous.

En nous quittant le 8 novembre dernier, Andrée n’aura pas vu l’achèvement de cette œuvre. Pour célébrer la joie de vivre qu’elle a fait rayonner autour d’elle, Camille et moi la lui dédions.

Par curiosité, cliquez sur le lien suivant:


samedi 9 juillet 2011

LES AMOURS DU PIED-DE-LA-CÔTE L'HISTOIRE DE MATANE DANS UN ROMAN ILLUSTRÉ





LES AMOURS DU PIED-DE-LA-CÔTE L'HISTOIRE DE MATANE DANS UN ROMAN ILLUSTRÉ

Le manuscrit de ce roman historique dont l’action se déroule au début du siècle dernier, principalement à Matane, a obtenu une mention d’honneur à titre de finaliste du concours La plume d’argent édition 1997. (The manuscript of this historical novel whose action takes place at the beginning of the last century, mainly in Matane, has received a mention of honour as finalist in the literary contest La plume d’argent édition 1977.)

Clément Fortin raconte Matane dans un roman. (Clément Fortin recounts Matane in a novel.)
Romain Pelletier, La Voix du dimanche

« Voilà une œuvre majeure, où l’on décrit avec vérité une petite ville de chez nous, et son peuple que l’on regarde vivre et évoluer pendant un siècle. » (Here is a major work, where one describes with truth a small town and its people whom one watches living during a century.)
Marcel Séguin, ancien président de la Société des écrivains canadiens, section de Montréal (Past president of the Society of Canadian Writers, Montréal section)

L’écriture historique exige précision et objectivité. Le roman laisse plus de latitude et s’accommode bien de la fantaisie. Le roman historique, en se situant entre ces deux pôles, impose à son auteur la tâche peu facile de jouer sur les deux plans. Clément Fortin réussit avec brio cet exercice dans Les amours du Pied-de-la-Côte. (Historical writings require precision and objectivity. Novels leave more liberty and adapt well to fantasies. Historical novels, while being located between these two poles, impose on its author the uneasy task of playing on both plans. Clément Fortin succeeds brilliantly in this exercise in Les amours du Pied-de-la-Côte.
Robert Fournier, Au pays de Matane

Matane, 19 octobre 2001, 19 h 30

Notes rédigées par Clément Fortin pour la présentation de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte à la bibliothèque municipale de Matane

ATTENTION Je n'arrive pas à publier les numéros des notes de fin de document. Si quelqu'un sait le faire, je lui demande de communiquer avec moi. Merci!


CLÉMENT FORTIN RACONTE MATANE DANS UN ROMAN

Il m’est très agréable de me retrouver parmi vous dans cette magnifique Maison de la culture. Comment ne pas accepter l’invitation que m’a lancée madame Lise Whittom Grenier, la directrice de cette magnifique bibliothèque? Je me serais privé du bonheur de causer avec des gens de mon pays et d’entendre ceux et celles qui ont lu mon roman.
Au cours des prochaines minutes, je ferai un bref exposé de la démarche que j’ai suivie pour écrire ce roman. Ensuite, nous en discuterons. J’aimerais connaître ce que vous en pensez. Si vous le jugez opportun, vous pouvez m’interrompre et me poser des questions. À l’entrée de la salle, j’ai demandé qu’on vous distribue un texte que j’ai rédigé à votre intention. Ce faisant, vous pourrez vous concentrer entièrement à discuter avec moi du roman plutôt que de vous fatiguer à prendre des notes. Par ailleurs, je n’ai pas cru utile d’avoir recours à une aide visuelle comme la projection de transparents. Je me suis dit que les lectrices et lecteurs de romans ont l’habitude de créer leurs propres décors et que je ne devais pas leur en imposer un.
MES PREMIERS COURS D’HISTOIRE
Mes premiers cours d’histoire n’ont guère suscité d’enthousiasme chez moi. Les programmes d’études d’alors tendaient davantage à développer notre mémoire que notre capacité à raisonner. Ainsi, on nous bourrait le crâne de faits qu’on mémorisait et répétait comme des perroquets. Malgré cette initiation rébarbative, j’ai fini par développer un grand amour, et même une passion pour l’histoire. Heureusement, j’ai connu des professeurs d’histoire, dont Marcel Trudel, qui ont su m’en rendre l’apprentissage très vivant et même passionnant.
Dès son avènement, le cinéma ne tarde pas à porter à l’écran les œuvres de fiction et notamment celles de cape et d'épée, les romans historiques, les histoires bibliques et, plus tard, la télévision nous régale de documentaires et de téléromans historiques.
UN ÉVÉNEMENT IMPORTANT : LA PUBLICATION DE LA MONOGRAPHIE DE MATANE
Ce document est d’une importance capitale pour Matane. Sans cet écrit, que saurions-nous de Matane? Reportez-vous à 1945, au moment de sa publication. C’était la fin de la guerre. J’avais 10 ans. Pour la première fois, on parlait de nous, de chez nous dans un livre. Pensez à l’impact que cet écrit a eu et a encore de nos jours. En lisant cet ouvrage, je découvrais Matane sous un autre angle. Notamment, une vignette à la page 55 de l’édition de 1945 et à la page 49 de l’édition de 1977, me fascinait et m’émerveillait tout autant. Intitulée BRUMES DU PASSÉ, cette vignette imagine une scène de la vie en forêt, au pays des ombres et des montagnes affreuses en 1647-48.
PUBLICATION D’ARTICLES PRÉPARATOIRES AU ROMAN
En tout premier lieu, je dois vous dire que mes propos ne seront que le reflet d’une expérience limitée jusqu’à maintenant au seul roman que j’ai publié.
J’ai fait beaucoup de recherches pour écrire de courtes biographies. D’abord sur mes grands-parents maternels. À cette occasion, j’ai examiné de plus près les métiers que mon grand-père exerçait : charron, peintre ornemental et croque-mort, jusqu’en 1927. Ma grand-mère et mon grand-père faisaient partie du tiers ordre franciscain. Ma mère m’a prêté son Manuel des tertiaires que j’ai lu avec grand intérêt. En bref, il s’agit de laïcs qui vivent comme s’ils étaient des religieux. Il ne fait aucun doute que les tertiaires ont exercé une grande influence sur notre société.
Aux fins de mon roman, cela m’a permis de faire ensevelir Azélie dans sa bure. À son décès, une tertiaire peut demander que son corps soit revêtu du grand habit. Étant enfant, j’avais vu une vieille dame ainsi vêtue dans son cercueil. C’est un souvenir qui est resté gravé pour toujours dans ma mémoire. Les connaissances que j’avais acquises sur les tertiaires m’ont permis de mettre des propos dans la bouche d’Hermé. Aussi, celui-ci se plaint-il que sa femme exagère dans ses exercices de piété et qu’à la fin les astucieux Franciscains imposent leur célibat à tout le monde.
J’ai aussi écrit une courte biographie de mes parents. Entre autres choses, cela m’a amené à examiner le programme d’études que ma mère a suivi au couvent des Sœurs du Bon-Pasteur. Bref, quelle instruction pouvait-on acquérir au temps de ma mère? J’ai demandé à ma tante Simone, une sœur de ma mère, religieuse du Bon-Pasteur, de faire une recherche dans les archives de la maison mère pour retracer le programme d’études qui était en vigueur au Couvent de Matane quand ma mère y a fait ses études. Voici quelles étaient les matières enseignées : petit catéchisme de la province de Québec et celui plus avancé; le dogme, la morale et les moyens de salut et de sanctifications (3 volumes); l’histoire sainte, l’histoire du Canada, la géographie, la grammaire, l’analyse, la littérature, les mathématiques, la pédagogie de Mgr Ross, l’hygiène, la bienséance, l’anglais, le dessin, la broderie, le tricot, les arts ménagers et le chant.
On vous a sûrement dit que le cours que vous suiviez était plus faible que celui qu’avait suivi votre mère. C’est amusant de constater que l’histoire se répète. De nos jours, on entend des gens se plaindre que les jeunes n’apprennent rien. Au fond, nous savons tous que c’est tout à fait le contraire qui se produit. J’ai pu constater ce fait en enseignant dans une faculté de droit. Je peux vous affirmer que les étudiants à qui j’ai enseigné avaient à leur disposition de meilleurs outils pédagogiques que ceux qui existaient au moment où j’ai fait mon cours. Et ils avaient aussi des professeurs mieux formés.
FAIRE UNE MISE EN CONTEXTE
Il me faut connaître Matane. Une mise en contexte s’avère nécessaire. Il me faut connaître le cadre institutionnel de Matane. Je rédige alors un article intitulé Matane en 1882, à l’arrivée de mon grand-père paternel. Cette recherche me permet de connaître Matane au 19e siècle : son organisation paroissiale, municipale, scolaire, judiciaire et politique. Les moyens de communication : le chemin du Roy s’y rend depuis 1850 (et on a construit le pont à la même époque), le télégraphe y était déjà à l’arrivée de mon grand-père, le téléphone s’implante en 1898, l’électrification ne se fera qu’à compter de 1921 et la voie ferrée ne sera terminée qu’en 1910.
Sur le plan économique, l’industrie du sciage prend de l’expansion. Il n’y a pas de banque ni de caisse Desjardins à l’arrivée de mon grand-père à Matane. Les marchands jouent les banquiers : Lacroix, Bergeron, Blais, etc. Ils utilisent l’instrument de crédit de l’époque : la vente à réméré. Un coup d’œil sur la carte de Matane nous confirme ce fait. Matane compte près de 2700 âmes en 1882.
LE PIED-DE-LA-CÔTE
Ensuite, j’explore plus en profondeur un coin du village : le pied de la côte Saint-Luc. En fouillant dans l’histoire de ma famille, je me rends compte que tous les membres de ma famille sont passés par là, un jour ou l’autre. C’est ainsi que j’écris un autre article intitulé À Matane au Pied-de-la-Côte. Je peux espérer camper des personnages dans un contexte réel. Mais je n’en suis encore qu’à l’écriture d’articles.
COMMENT UTILISER CE MATÉRIEL POUR ÉCRIRE UNE ŒUVRE DE FICTION?
Vous vous imaginez que je me suis posé une foule de questions en me lançant dans cette aventure. Écrire un roman, soit! Mais quel genre de roman? Pour mettre en valeur toute la richesse de l’histoire de Matane et de sa région, je croyais que ce devait être un roman historique. J’écris quelques pages. Puis quelques chapitres. Je constate que la tâche est énorme. Je me rends compte aussi que mes efforts doivent être bien structurés. Même si le roman laisse toute latitude à son auteur, celui-ci doit reconnaître les limites inhérentes au sujet qu’il aborde.
LIRE TOUTE LA DOCUMENTATION PERTINENTE
Après avoir écrit ces articles et quelques chapitres du roman, je relis tout ou presque tout ce qu’on a écrit sur Matane et je prends des notes. Comme une grande partie du roman se déroule avant que j’aie pris conscience de la vie, il va sans dire que je dois m’instruire du passé. Ainsi, je lis et relis la Monographie de Matane d’Antoine Gagnon publiée en 1945 et l’Histoire de Matane publiée en 1977. Je lis et relis chacun des numéros de la revue Au pays de Matane et Faits nouveaux sur la seigneurie de Matane. Je lis aussi l’Histoire de la Gaspésie, l’Histoire du Bas-Saint-Laurent, l’Histoire de la Côte-du-Sud, La Tradition maritime de Matane, Seigneurie de Matane, des monographies sur la Côte-Nord, Rimouski, Amqui, Baie-des-Sables et j’en passe. J’étudie les photos de l’époque. Elles m’informent des lieux, de l’allure des gens, de leurs vêtements, etc. Une image vaut mille mots, dit-on. C’est pourquoi les photos sont des documents historiques importants. Sur le terrain, j’interroge des personnes âgées. Certaines d’entre elles sont d’inépuisables sources de renseignements. À ce chapitre, j’aimerais souligner la contribution de ma mère qui a célébré son 92e anniversaire en juillet dernier, de celle de ma tante Anne-Marie Cazes Fortin qui a fêté ses 93 ans en janvier dernier. Honorine Grégoire, ma regrettée tante et marraine (elle aurait 89 ans), m’a raconté cette fameuse nuit rouge et mon oncle Léo Grégoire, âgé de 81 ans, m’a raconté des histoires au temps de la prohibition. Bref, je m’imprègne de l’histoire et de la petite histoire de Matane. Je la vis, je la respire et j’en rêve même. Je dois connaître comme mon petit catéchisme les lieux où naissent, vivent et meurent les personnages que je crée. Je dois leur prêter des sentiments. C’est la partie la plus difficile. Il faut laisser tomber ses inhibitions. Il ne faut surtout pas craindre d’être jugé par les propos que l’on prête à ses personnages.
LA MÉTHODE CRITIQUE HISTORIQUE
Je lis et relis plusieurs romans. En particulier, le roman de Gérald Messadié, L’homme qui devint Dieu, paru en 1989 m’impressionne par sa méthodologie. Dans ce roman, c’est la présentation de Jésus qui m’intéresse. Cet écrit nous le rend très sympathique. Tout au long du roman, on a l’impression de vivre avec lui.
Pour écrire ce roman et les autres qui ont suivi, dont Moïse, Messadié a appliqué l’analyse conjecturale. Cette méthode de critique historique a retenu mon attention. Il la résume ainsi :
1) Tel fait est certain
2) Tel autre est plausible ou douteux
3) Et tel autre est impossible.
Par exemple, après avoir suivi une retraite, des paroissiens se suicident en se jetant dans les eaux glaciales du fleuve. Ainsi, selon cette méthode, on peut croire que les propos des prédicateurs ont perturbé profondément certains retraitants. Je ne peux pas dire que ce fait est certain, car je n’ai trouvé aucun document à cet effet. Cependant, je peux dire que ce fait est plausible. Le fait du suicide lui-même est certain, car des contemporains de cet événement me l’on confirmé. De plus, sous la rubrique Chronique, Antoine Gagnon rapporte cet incident dans sa Monographie de Matane.

SAVOIR TIRER LES CONSÉQUENCES DES FAITS

De plus, en partant des faits que l’on observe, on peut inférer que les gens qui ont été au cœur de l’action ont pensé telle chose ou ont eu telle réaction. Par exemple, l’église de Matane brûle en décembre 1932. On serait justifié de croire qu’en apprenant la nouvelle, les pompiers se sont précipités sur les lieux, que cet événement a désorganisé temporairement la vie des paroissiens, etc. On peut donc inférer plusieurs situations à partir de ce seul événement.

FAIRE ÉVOLUER L’HISTOIRE À TRAVERS SON PLAN EN DISTILLANT L’INTRIGUE ET EN CRÉANT DES REBONDISSEMENTS

J’ébauche un plan. J’invente ou je fais revivre une histoire qui se déroulera à travers chacun des chapitres que je rédigerai tout en essayant d’intéresser le lecteur à la suivre jusqu’à la fin. Je crée les personnages qui donneront vie à cette histoire. Je veux m’écarter des personnages traditionnels : curés, médecins, notaires, etc. Je choisis de faire vivre des gens de métier, car c’est eux qui ont bâti ce pays. Apparaissent le forgeron (Nérée), le charron (Hector), le ferblantier (Herménégilde), l’horloger (Arsène), le colleur-bûcheron-cultivateur-braconnier (Georges), le bûcheron-draveur-cageur-ancien combattant-artificier (Régis), l’épicier-boucher (Saint-Louis) etc., le médecin (Vézina) et les curés (Bouchard et Simard) ne jouant qu’un rôle secondaire. Sous l’influence du curé Bouchard, j’introduis le personnage de Marie, la pudibonde. Je devais aussi inclure dans mes personnages une représentante du plus vieux métier du monde. La Claude a donc fait son entrée. Il fallait un quêteux. C’est ainsi que Buffalo fait son apparition. Un pêcheur devait aussi faire partie de la distribution. Matane a déjà été un lieu de pêche important. Grandcoeur personnifie le déclin et la fin de la pêche commerciale à Matane.
MATANE UNE ANCIENNE BOURGADE MICMAQUE
Matane est une bourgade micmaque jusqu’en 1845, année où on l’érige en municipalité et en paroisse. Monseigneur Plessis , au cours de sa visite en 1842, en fait une description élogieuse. Il constate notamment avec admiration que la bonne entente règne parmi ses habitants et que certains d’entre eux parlent même jusqu’à quatre langues : le français, l’anglais, le micmac et l’allemand.
Je devais tenir compte de l’histoire des premiers occupants : les Micmacs. C’est pour cette raison que j’ai créé les personnages Baptiste (un pur Micmac) et Georges (un Métis). Cela m’autorisait à faire une incursion dans l’histoire de Matane. En passant, je vous suggère de lire La nouvelle relation de la Gaspésie de Chrestien Leclercq. Ce missionnaire récollet décrit son séjour en Gaspésie au xviie siècle. Réal Ouellet de l’Université Laval, avec l’aide de spécialistes, en fait une présentation de grande qualité.

LES ÉCRIVAINS SONT DES VAMPIRES, DES PIRATES, DES VOLEURS…

J’ai entendu Michel Tremblay à la télévision se comparer à un vampire. Il affirmait « vampiriser » tout son entourage. À ce propos, Margaret Atwood dit que « les écrivains sont des pirates. Ils volent. Il faut le dire. » Pour sa part, Victor-Lévy Beaulieu cite William Faulkner qui dit que les écrivains sont des pilleurs. « On ne peut pas être écrivain si on ne pille pas. » Marie-Claire Blais déclarait dans une entrevue à L’actualité qu’elle fréquente les bars à la recherche d’une inspiration pour créer ses personnages. Pour résumer, il est vrai que, pour écrire, on s’inspire d’abord de ce qu’on a vu, de ce qu’on connaît. C’est l’art d’écrire qui fait toute la différence.

MATANE EST UN PORT DE MER ET UN TERMINUS FERROVIAIRE
Matane est avant tout un port de mer. Depuis 1912, Matane est aussi un terminus ferroviaire. Il s’y trouve plusieurs hôtels. On a déjà qualifié Matane de petit New York. Il faut donc que le roman reflète cette réalité. J’aurais pu caricaturer davantage mes personnages. Je n’ai pas voulu écrire une histoire de gens tarés pour attirer plus de lecteurs. Surtout, ce n’est pas le souvenir que je garde de Matane. J’ai voulu plutôt montrer Matane sous son vrai jour. Ai-je réussi? La réponse appartient aux lecteurs.
Si j’avais suivi les conseils d’un linguiste que j’ai consulté sur cette question, j’aurais créé des personnages plus mordants et j’aurais exploité leur côté sombre. Bref, on m’a même suggéré de transformer Matane en une espèce de Sodome et Gomorrhe. On ne vend pas un roman avec de bons sentiments, m’a-t-on prévenu.
Certains m’ont reproché d’insister trop sur l’histoire de Matane et de la région. Prétentieusement, je me disais que Matane valait bien quelques bonnes descriptions. Pour m’encourager, je pensais bien humblement à Victor Hugo qui a décrit dans les moindres détails les égouts de Paris dans son roman Les misérables. Je pensais aussi à Camus qui nous décrit les ravages de la peste pendant plus de 200 pages.

LE CADRE DANS LEQUEL LES PERSONNAGES ÉVOLUERONT

Dans quel cadre les personnages évolueront-ils? J’aurais pu créer un lieu fictif. Mais ce lieu fictif aurait ressemblé à Matane. Au début, j’avais intitulé mon roman MATANE. J’avais même songé à faire naître le monde à Matane. Une utopie. Pourquoi pas! Dans un roman tout est permis selon Pierre de Boisdeffre.
Grâce à son port de mer, Matane est au centre d’un commerce florissant. Comme il n’y a pas encore de route sur la Côte-Nord, son approvisionnement transite par le port de Matane. Pour mettre ce fait en valeur, j’introduis un capitaine parmi les personnages. L’exploitation forestière constitue la force économique de Matane et de sa région. Je dois aussi mettre en relief ce fait-là.
Je fais des descriptions détaillées de certains lieux. En décrivant l’habitat des gens, le lecteur se fait une idée de ce qu’ils sont. Un peu comme l’huître et son rocher, disait Balzac. En décrivant l’habitat de l’usurier Gobseck, Balzac écrit : « sa maison et lui se ressemblaient. Vous eussiez dit l’huître et son rocher. »

LA GÉNÉALOGIE DES PERSONNAGES

Dans une entrevue à Radio-Canada, j’entendais Arlette Cousture dire qu’elle dressait la généalogie de ses personnages. J’ai suivi avec bonheur son conseil. Je dresse donc la généalogie de mes personnages et j’en rédige une courte biographie. À l’expérience, j’ai trouvé que c’était une bonne façon de faire. De plus, cela nous permet de rendre les personnages plus réels et plus consistants tout au long du roman.

LE CHOIX DE LA LANGUE

Quel langage parleront-ils? Je ne voulais pas écrire un ouvrage de plus de 500 pages en langage populaire. Aussi, sauf exception, ai-je choisi mes personnages parmi les gens qui avaient fréquenté l’école et qui avaient le souci de bien parler. Pour rendre réaliste ma fresque, je devais toutefois créer quelques personnages parlant le langage populaire.
La règle veut qu’une narration s’écrive au passé. Prenez au hasard un roman. Lisez quelques lignes et vous constaterez que le narrateur s’exprime au passé. Personnellement, je trouve que l’indicatif présent donne plus de vie à la langue du narrateur. Aussi vous remarquerez que j’en fais un grand usage. À titre d’exemple, « Le mercredi 7 décembre 1932, vers une heure trente de l’après-midi, les flammes dévorent l’église de Matane. Un passant prévient à la hâte le curé. On sonne l’alarme. En quelques minutes, des centaine s de paroissiens se rassemblent autour de l’église. »
Un ami prêtre et octogénaire, qui a déjà enseigné le français dans un séminaire de Montréal, en fait une première lecture. Outre les fautes de français qu’il peut relever, je lui demande de porter une attention toute particulière à la morale des personnages. À ce chapitre, je voulais que mon roman soit conforme en tout point à la réalité de l’époque.

À LA RECHERCHE D’UNE APPRÉCIATION OBJECTIVE

Enfin, après plusieurs années d’obsession, je crois avoir écrit un semblant de roman. Qu’est-ce que ça vaut, me demandé-je? Pour moi, un concours est peut-être l’occasion d’une appréciation objective. En naviguant sur l’Internet, je prends connaissance des prix littéraires offerts au Québec. Le concours organisé par la Fondation Berthiaume-Du Tremblay retient mon attention. On invite les auteurs qui en sont à l’écriture de leur premier roman à proposer leur manuscrit. L’information disponible à la bibliothèque virtuelle Alexandrie mentionne que les manuscrits doivent être soumis en avril. Au début de février, j’appelle à la Fondation Berthiaume-Du Tremblay pour apprendre que les manuscrits doivent être soumis dès maintenant. On m’invite à leur envoyer mon texte au plus tôt. J’objecte qu’il n’est pas fini. On me fait valoir qu’il me serait avantageux de connaître l’avis du comité de sélection. Enfin, on m’annonce que je reçois une mention d’honneur pour mon manuscrit à titre de finaliste du concours littéraire La plume d’argent 1997 et on me décerne un certificat de mérite. Au vrai, les remarques du jury m’ont servi de guide pour terminer mon roman. Aussi, je suis redevable envers la Fondation Berthiaume-Du Tremblay d’avoir contribué à la publication de mon premier roman.

UNE CARTE MONTRANT LES VILLES, LES VILLAGES ET LES LIEUX-DITS

Après avoir lu mon roman, un confrère m’exprime le désir d’aller visiter Petchedet. Il voulait connaître ce pays de cocagne. Il m’a demandé comment il pouvait s’y rendre. Je vous avoue que j’ai éprouvé quelque embêtement à lui indiquer la route de Petchedet.
En ajoutant une carte indiquant les villages, villes et lieux dits dont il est question dans le roman, j’exauce un désir exprimé par plusieurs lecteurs et lectrices. Est-il besoin de leur signaler que les lieux que je décris dans le roman ont subi des transformations telles qu’il est difficile de les reconnaître aujourd’hui? Je remercie mon frère Michel, professeur honoraire de l’Université du Québec à Montréal, d’avoir réalisé cette carte.


POURQUOI UN GLOSSAIRE?

De prime abord, j’étais très réticent à l’idée de présenter un glossaire. Cependant, une jeune linguiste m’a convaincu de la nécessité d’en faire un. À son avis, j’utilisais plusieurs mots qui ne se trouvaient plus dans les dictionnaires usuels. Plusieurs lectrices et lecteurs m’ont signifié leur appréciation. En particulier, des amis néo-québécois m’ont assuré de son utilité pour la bonne compréhension du roman.

À COMPTE D’AUTEUR OU AUTOÉDITION

Contrairement à ce qu’on a annoncé, je ne publie pas ce roman à compte d’auteur. Larousse définit ainsi cette expression : « à compte d’auteur se dit d’un contrat par lequel l’auteur verse à l’éditeur une rémunération forfaitaire, à charge par ce dernier d’assurer la publication et la diffusion d’un ouvrage, d’un roman par exemple. »
Ce que je fais, c’est ce que l’on convient d’appeler de l’autoédition, c’est-à-dire que je me charge de tout. J’écris le roman et j‘en assume la publication et la diffusion à mes frais.

LES COMMENTAIRES DES LECTRICES ET DES LECTEURS

Plusieurs lectrices et lecteurs m’ont communiqué leurs commentaires. J’ai trouvé intéressant qu’on me dise à quel point ces histoires ressemblent à celles de leur père, de leur mère et de leurs tantes. Un lecteur m’a même affirmé que j’avais écrit l’histoire de sa famille. Pour moi, c’est la confirmation que Les amours du Pied-de-la-Côte sont le reflet d’une époque ou, tout au moins, d’une facette de celle-ci.
Pour conclure, je vous encourage à réaliser vos projets d’écriture. Je vous suggère de commencer par écrire des articles. C’est une bonne façon de mettre à l’épreuve vos aptitudes. En Gaspésie et dans le Bas-du-Fleuve, les sujets ne manquent pas. Écrire l’histoire de sa famille, de son village, et de sa ville dans des romans, voilà une avenue intéressante à explorer.
Et pour terminer sur une note poétique…
M on pays, doux berceau, du fond de mon âme,
À juste titre, ma fierté, je clame!
T es attraits n’ont d’égal que ceux de tes enfants.
À jamais, je veux me rappeler le bon temps,
N e rien oublier de ton passé fécond,
E t de tes talents, seconder l’éclosion.

Me Clément Fortin, avocat
http://fortinclement.blogspot.com    

C’est ainsi que Romain Pelletier titrait la une de la Voix du dimanche au lancement du roman en novembre 1997.
Antoine Gagnon, Monographie de Matane, pays de brumes, de soleil, de visions, Rimouski, Imprimerie générale de Rimouski, 1945, 371 p.
Antoine Gagnon et coll., Histoire de Matane 1677-1977, Publication de la Société d’histoire de Matane, Impression des Associés, Rimouski, 1977, 636 p.
Clément Fortin, Hermas Grégoire et Georgianna Morin : des pionniers de Matane, dans Au pays de Matane, vol XXIX, no 2 (58) octobre 1994, p. 2-9.
Laïcs réunis en une congrégation affiliée à une communauté religieuse. Tout en continuant à vivre dans le monde, ces laïcs franchissent diverses épreuves et y prennent même l’habit, un peu comme s’ils vivaient dans un monastère. Cependant, la vêture ou la prise d’habit n’est que symbolique, car elle se limite au port d’un scapulaire sous leurs vêtements et d’une cordelière à la taille. À son décès, un membre peut demander d’être vêtu du grand habit, c’est-à-dire d’un vêtement fait d’une grosse étoffe de laine brune.
Onzième édition du Manuel du Tiers-Ordres, Édition franciscaine, 208 ouest, rue Dorchester, Montréal, 1959.
Clément Fortin, Georgette Grégoire et Louis de Gonzague Fortin : mes parents, dans Au pays de Matane, vol. XXXI, no 1 (61) mai 1996, p. 3-12 et vol. XXXI, no 2 (62) novembre 1996, p. 3-10.
Clément Fortin, Matane en 1882, à l’arrivée de mon grand-père paternel, Revue d’histoire du Bas-Saint-Laurent, volume XX, numéro 2 (51) juin 1997, p. 38-42
La loi ne permettait pas que la faculté de réméré pût être consentie pour un terme excédant dix ans. Pour exercer ce droit de réméré, ou, si l’on veut, celui de reprendre possession de ses biens, le vendeur devait avoir satisfait à toutes les obligations prescrites par la loi, dont la restitution du prix, le remboursement à l’acheteur des frais de la vente, ceux des réparations nécessaires et des améliorations qui avaient augmenté la valeur jusqu’à concurrence de celle-ci. La seule expiration du délai stipulé au contrat de vente emportait ipso facto déchéance du réméré et rendait l’acheteur propriétaire incommutable des biens.
Clément Fortin, À Matane au Pied-de-la-Côte, Revue d’histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. XX, no 1 (50) (janvier 1997) p. 15-21
Supra note 2
Supra note 2
Léon Boudreault, Faits nouveaux sur la seigneurie de Matane ( 1677-1870), Publication de la Société d’histoire de Matane, 1982, 278 p.
Jules Bélanger, Marc Desjardins, Yves Frenette, Histoire de la Gaspésie, Boréal Express/Institut québécois de recherche sur la culture, 1981, 795 p.
Jean-Claude Fortin, Antonio Lechasseur et coll., Histoire du Bas-Saint-Laurent, Institut québécois de recherche sur la culture 1993, 862 p.
Sous la direction d’Alain Laberge, Martine Côté, Diane Saint-Pierre, Jacques Saint-Pierre, Yves Hébert, Histoire de la Côte-du-Sud, Institut québécois de recherche sur la culture, 1993, 644 p.
Louis Blanchette, La Tradition maritime de Matane, Histo-Graff, 198 p.
Robert Fournier, Seigneurie de Matane, Publcation de la Société d’histoire de Matane, Imprimerie de Matane, 1978, 184 p.
Gérald Messadié, L’homme qui devint Dieu, Laffont, 1988. Dans sa préface à Moïse, JC Lattès 1998, à la page 9, il expose sa méthode ainsi : « Les pages que voici sont une reconstitution romanesque de ce que peut être cet homme (Moïse) dans sa vie quotidienne. Elles sont guidées par l’analyse conjecturale, méthode de critique historique qui peut se résumer ainsi : tel élément de la légende est certain, tel autre est plausible ou bien douteux et tel autre encore impossible. La référence aux événements historiques vérifiés chaque fois qu’il est possible en fait partie. »
Supra note 18
Supra, note 2 p. 361 et p. 608
Supra, note 2 Histoire de Matane 1677-1977, p. 102-107
Chrestien Leclercq, Nouvele relation de la Gaspésie, Édition critique sous la direction de Réal Ouellet, Université Laval, Les Presses de l’Université de Montréal, 1999, 796 p.
Notes tirées de Deux sollicitudes, Margaret Atwood, Victor-Lévy Beaulieu. Éditions Trois-Pistoles, à la page 48
Marie-Claire Blais, Plume de jour, oiseau de nuit, L’actualité, 15 avril 2001, p. 81
Pierre de Boisdeffre, Où va le roman? Éditions mondiales, Paris, 1972
André Lagarde et Laurent Michard, XIXe Les grands auteurs français du programme, Centre éducatif & culturel inc. Montréal, Éditions Bordas, Paris, p. 306

LECTURE DE VACANCES




Je me permets de vous faire quelques suggestions de lecture pendant vos vacances.
Vous pouvez vous procurer ces livres chez Wilson & Lafleur

May I suggest that you read my books on your vacation. You may order them from Wilson & Lafleur.
Voici quelques commentaires que des journalistes ont faits au sujet de mes livres:
Here are some comments that were made about them. The literal translation is mine.

L'Affaire Coffin, une supercherie?, dissipe tout soupçon quant aux assertions de certains dont le sénateur Hébert selon lesquelles le procès a été bâclé et que Coffin a été condamné, car le jury était formé de Gaspésiens ignorants. On a fait entendre au jury des dizaines de témoins qui ont rassemblé les éléments d'une preuve circonstancielle écrasante contre Coffin. (L’affaire Coffin : une supercherie ?, clears up all suspicion about the assertions made by some, senator Hébert is one of them, purporting that the trial was botched and that Coffin was condemned because the jury was formed with ignorant Gaspesians. Dozens of witnesses were heard who brought together the elements of an overwhelming circumstantial evidence against Coffin.)
David Santerre, Le Journal de Montréal

Dans un minutieux travail de reconstitution du célèbre procès, l'avocat Clément Fortin en arrive à une brutale conclusion.(In a meticulous work of reconsituting the famous trial, the lawyer Clément Fortin reaches a brutal conclusion.)
Bryan Miles, Le Devoir

Le juge Brossard avançait que les propos de Jacques Hébert étaient sans fondement. Pour sa part, Clément Fortin fait valoir que n’eût été le brûlot de Jacques Hébert clamant l’innocence de Coffin, l’affaire Coffin serait oubliée depuis belle lurette, et le public n’aurait pas si longtemps douté du bon déroulement du procès. (Justice Brossard put forward that Jacques Hébert’s remarks were unfounded. Clément Fortin explains that without Jacques Hébert’s pamphlet crying out Coffin’s innocence, the Coffin affair would have been forgotten a long time ago.)
Rollande Parent, Le journal du Barreau


Contrairement aux livres à succès de feu Jacques Hébert, celui de M. Fortin s’appuie sur une documentation solide. Il démonte la thèse de l’erreur judiciaire, sans pour autant prendre parti clairement. (Unlike Jacques Hébert’s bestsellers, Mr. Fortin’s book relies on a solid documentation. He takes to pieces the miscarriage of justice thesis, without however taking a clear stand.)
Yves Boisvert, La Presse

Loin d'être un pamphlet, L'affaire Coffin : une supercherie? s'attarde avec patience aux faits présentés aux jurés. L'auteur se garde quelques pages à la fin de son bouquin pour donner ses conclusions, sans plus. Quelques commentaires qui suffisent toutefois à faire comprendre que toute la controverse sur la non-culpabilité de Coffin a longtemps vogué sur une vague de ouï-dire, de sensationnalisme et d'intérêts politiques. (Far from being a pamphlet, L’affaire Coffin : une supercherie ? patiently lingers over the facts submitted to the jurors. The author reserves for himself a few pages at the end of his book to give his conclusions. A few comments are sufficient however to realize that the whole controversy on the non-guiltiness of Coffin has drifted for a long time on a wave of hearsay, sensationalism and political interests.)
Éric Nicol, Le Journal de la Vallée

Clément Fortin n’a pas ménagé ses efforts afin de reconstituer le plus fidèlement possible les éléments de ce drame. (Clément Fortin has spared no effort to reconstitute as faithfully as possible the elements of this drama.)
Jean Larrivée, L’Estuaire

Pas l’ombre d’un doute : ce fascinant docu-roman porte un dur coup à la thèse de Jacques Hébert. Il résume les 2 250 pages de transcriptions sténographiques et de procédures du procès de Wilbert Coffin, à Percé, en 1954. Loin des ragots, il s’en tient aux faits mis en preuve devant la Cour du banc de la reine. (Without the shade of a doubt, this docu-novel strikes a hard blow at Jacques Hébert’s thesis. It summarizes the 2 250 page short-hand transcripts and proceedings of Wilbert Coffin’s trial, at Percé, in 1954. Far from gossips, he sticks to the facts which were proven before the Court of Queen’s Bench.)
http://andrepronovost.com/Nouvelles.htm  








L’auteur fait revivre l’affaire Poisson dans un docu-roman. En 1954, au Collège de Matane, le frère Oscar Lalonde est tué à coups de marteau. Trois étudiants sont écroués et traduits en justice. Un bon suspense judiciaire…

The author brings back to life the Poisson affair. In 1954, at the Collège de Matane, Brother Oscar Lalonde was murdered with blows of hammer. Three students were imprisoned and prosecuted. A good suspense…”

« Un avocat retraité en fait une solide étude de cas dans On s’amuse à mort au collège de Matane… » (A retired lawyer makes of it a solid case study in On s’amuse à mort au Collège de Matane…”
Michel Auger, Le Journal de Montréal

« Un véritable reportage où l’on voit deux avocats en vue se livrer à une lutte acharnée pendant les 23 jours que dura le procès : Jean Bienvenue pour la poursuite et René Letarte pour la défense. Le mobile du crime? Un simple geste gratuit inspiré du film américain The Rope! Pas si gratuit que ça, le geste : la discipline de fer des Clercs de Saint-Viateur était terriblement pesante… « (A real report wherein we see two renowned attorneys indulging in a fierce battle during the 23 days of the trial; Jean Bienvenue for the prosecution and René Letarte for the defence. The crime motive? A simple gratuitous gesture inspired by the American film The Rope! Not so gratuitous than that, that gesture: the iron discipline of the Clercs de Saint-Viateur was terribly heavy…) Didier Fessou, Le Soleil

« Il [Clément Fortin] a eu la bonne idée de reprendre sous nos yeux le procès pour une affaire de meurtre authentique qui s’est passée à Matane en 1964. Me Fortin nous fait revivre cette histoire des annales judiciaires.... « (He (Clément Fortin) has had the good idea to take up before our eyes the trial for a real murder that happened in Matane in 1964. Me Fortin brings back to life this murder affair.)
Daniel Rolland, Culture Hebdo.com





40e Salon du livre de Rimouski – 3 au 6 novembre 2005
Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski

Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son roman

On s’amuse à mort
Les éditions du Septentrion
www.septentrion.qc.ca

Mesdames, Messieurs,

Je ne saurais trop vous dire quel bonheur je ressens de participer à ce 40e Salon du livre de Rimouski. Je me sens chez moi à Rimouski. Dès ma tendre enfance, mes parents et grands-parents m’ont inculqué un sentiment d’appartenance à cette ville. Ma grand-mère était une Lepage de Rimouski et mon grand-père était de Saint-Simon de Rimouski.

La profanation d’une sépulture dans le cimetière de Matane et l’assassinat du frère Oscar Lalonde au Collège de Matane en 1964 que je raconte dans mon roman ont trouvé leur dénouement devant les tribunaux de Rimouski. Ces crimes crapuleux ont attiré sur Rimouski toute l’attention des médias du Québec et même du Canada. C’est encore l’affaire judiciaire la plus importante qui est survenue dans le district judiciaire de Rimouski.

Je remercie les organisateurs et les organisatrices de ce grand événement culturel de m’avoir invité à y participer.

Le choix d’un sujet de roman

Comme tout le monde à l’époque, j’avais lu dans les journaux et vu à la télévision des reportages sur l’assassinat du frère Lalonde survenu au Collège de Matane, en avril 1964. Des gens de Matane m’avaient aussi donné leur version de cette affaire. Matane était devenu un centre d’intérêt dans tout le pays. Cette histoire m’avait laissé perplexe. Quel impact cette affaire avait-elle sur Matane et sur son Collège en particulier? Comme j’en étais au début de l’exercice de ma profession, le temps ne me permettait pas de l’approfondir. J’avais reporté ce projet aux jours de ma retraite. J’ai lu et relu les transcriptions sténographiques de l’affaire Poisson aux Archives nationales à Rimouski. Cette documentation de plus de 3000 pages m’a convaincu de l’importance que cette affaire avait eue dans tout le pays. J’ai décidé de rapporter les faits judiciaires tels qu’ils ont été présentés devant les tribunaux, laissant aux lecteurs tout le loisir de juger par eux-mêmes.

Cependant, je trouvais onéreux de m’installer à Rimouski pendant tout le temps qu’il fallait pour tirer des Archives nationales ce dont j’avais besoin pour écrire ce roman. Aussi j’ai demandé au ministère de la Culture de transférer temporairement cette documentation aux Archives nationales de Montréal. Comme il n’était pas question d’en permettre le transfert, on m’a offert de copier ces dossiers sur cédérom. Ainsi, j’ai travaillé chez moi devant mon ordinateur pendant ces quelques années que j’ai consacrées à écrire mon récit.

La méthode suivie

Je trouvais l’histoire captivante. Cependant, je ne savais pas comment l’aborder, mon expérience se limitant à l’écriture d’un roman historique. Comment intéresser les lectrices et les lecteurs à une affaire aussi sordide? Au fur et à mesure que j’explorais mon sujet, il m’est apparu que le docu-roman était la formule appropriée à ce genre d’écrit. J’allais donc écrire un livre qui propose une intégration de textes de fiction et de renseignements documentaires.

Par bonheur, j’ai croisé Robert Gauthier dans le village de Saint-Sauveur. Il m’a invité à m’inscrire à ses ateliers de scénarisation. C’est lui qui a scénarisé les romans de Francine Ouellette Au nom du père et du fils et Le sorcier. Plusieurs d’entre vous ont certes vu ces téléromans à TVA. La scénarisation m’est apparue une façon intéressante d’aborder l’écriture de mon nouveau roman. Elle me permettrait de mieux présenter certaines dramatisations.

Sur le plan méthodologique, j’ai procédé de la même manière que pour Les amours du Pied-de-la-Côte . C’est selon cette méthode que j’ai apprécié les faits recueillis sur le terrain. Cependant, comme il s’agissait d’une affaire judiciaire, la recherche d’un coupable était dès lors soumise à un ensemble de règles qui s’appliquent de façon rigoureuse. Quand la police appréhende des suspects, elle doit respecter les droits que la loi leur reconnaît. À titre d’exemple, les policiers doivent les informer de leurs droits et leur dire, notamment, qu’ils ont droit à l’assistance d’un avocat. Pour sa part, le procureur de la poursuite présente sa cause devant le tribunal selon les règles de la preuve pénale. Aux assises, le jury prête serment de rendre un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité selon les faits qu’on lui a présentés. Pour cette partie du roman, je n’avais pas le choix de la méthode. Je devais suivre le déroulement du procès en observant rigoureusement les règles du droit criminel.

Des contraintes particulières

Comme il s’agissait de personnages réels, je devais les décrire comme ils étaient à l’époque. Je me suis inspiré de photos parues dans les journaux. Pour éviter de tomber dans l’erreur, j’ai limité les descriptions. En revanche, l’auteur d’une véritable fiction peut camper ses personnages comme il les imagine.

Je devais créer des scènes qui collaient à la réalité judiciaire. Pour concevoir les dramatisations, j’ai puisé presque tous les faits dans les transcriptions sténographiques. Les renseignements obtenus auprès d’anciens gardiens de prison et ma visite de quelques prisons m’ont permis de rendre plus authentiques les scènes que j’ai décrites.

Le droit me posait une autre contrainte. Depuis l’assassinat du frère Lalonde, le Code pénal a subi plusieurs modifications. J’ai été obligé de revoir le droit pénal en vigueur au moment de l’assassinat du frère Lalonde.

Comme j’ignorais le plan du déroulement du procès établi par les procureurs de la poursuite et de la défense, je devais percevoir, par les questions qu’ils posaient aux témoins, la preuve qu’ils cherchaient à soumettre au tribunal. Pour guider le lecteur, je le préviens, au début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désire verser au dossier de la cour. À titre d’exemple, tout au long du déroulement de cette affaire, le procureur de la défense tente de démontrer que les enquêteurs n’ont pas bien fait leur travail, notamment, en ne relevant pas d’empreintes digitales sur le marteau au motif que le manche était trop rugueux. À la fin, la défense invite un témoin expert qui explique que si l’arme du crime avait été expertisée, on aurait pu y relever des empreintes digitales des auteurs du crime.

L’absence des pièces à conviction aux Archives nationales m’a aussi posé une autre contrainte. Dans les interrogatoires et les contre-interrogatoires portant sur ces pièces, je devais m’en reporter uniquement aux descriptions données soit par les procureurs soit par les déposants, me privant de l’information que j’aurais pu tirer de l’examen de ces pièces.

La langue me créait aussi une contrainte. Notre droit criminel nous vient d’Angleterre. Au début, on le traduisait mot à mot. Sur ce plan, je n’ai pas été entièrement fidèle à mes sources, car j’ai francisé plusieurs expressions. En voici quelques exemples : les expressions examination et re-examination ont été traduites par « examen » et « réexamen ». En français, ces mots se traduisent par interrogatoire et réinterrogatoire. On a traduit cross-examination par transquestion alors qu’il faut dire contre-interrogatoire. Une « preuve de caractère » se traduit en français par une preuve de bonne ou mauvaise réputation. Il faut signaler que le législateur rédige maintenant ses lois dans un meilleur français.

La recherche sur le terrain

J’ai heureusement reçu l’aide de plusieurs personnes sur le terrain : archivistes, greffiers, gardiens de prison, anciens professeurs et étudiants, etc.

J’ai visité les prisons communes de Rivière-du-Loup et de Rimouski. Elles sont restées dans le même état qu’elles étaient au moment où mes personnages y ont été détenus. Ces visites et le règlement des prisons de l’époque m’ont inspiré quelques scènes. J’ai aussi visité les palais de justice de Matane, Rimouski, Rivière-du-Loup et Québec. Cette mise en contexte m’a facilité la description des salles d’audience où se sont déroulés l’enquête du coroner, les enquêtes préliminaires et le procès devant jury.

J’ai aussi visité l’Hôtel Saint-Louis à Rimouski où le juge, les avocats et les témoins logeaient. Cet hôtel a été transformé en résidence pour personnes âgées. Une ancienne employée de l’hôtel, maintenant au service de cette résidence, m’a rappelé le souvenir de ses années passées dans cet établissement reconnu pour la qualité de sa table. Le bâtiment a subi peu de modifications. Le comptoir de la réception, le foyer, la salle à manger sont restés tels qu’ils étaient au moment du procès de Claude Poisson devant les assises. J’ai pu ainsi décrire des scènes dans un cadre réel.

Les écrits restent

Verba volant, scripta manent. Comme le dit le vieil adage, les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Vous travaillez toute votre vie à l’édification de quelque chose. Dès votre départ, votre successeur s’efforcera d’effacer toutes les traces que vous y avez laissées. Les seules qu’il ne pourra pas faire disparaître, ce sont vos écrits. Mais les écrits ne jouissent pas tous de la même pérennité. Je prends pour exemple un ouvrage de droit. Dès que le législateur modifie la loi ou que les tribunaux en donnent une nouvelle interprétation, à moins que vous mettiez à jour votre œuvre, celle-ci sera moins consultée et tombera dans l’oubli. La vie d’une œuvre juridique qu’on ne met pas à jour n’est que de quelques années. Toutefois, les ouvrages des historiens semblent résister plus longtemps au supplice du temps. Quoique la découverte de documents inédits peut leur faire perdre rapidement leur pertinence. En revanche, les romans résistent mieux au passage du temps. Certains sont toujours d’actualité comme Les misérables de Victor Hugo. Et ils le seront encore longtemps.

L’écriture est une drogue

J’ai eu beaucoup de bonheur à écrire ce roman. Avant que quelqu’un me demande comment je m’éclate en écrivant un roman, je l’invite instamment à se mettre tout de suite à l’écriture. Il découvrira qu’il n’y a pas plus cool et plus tripatif pour se défoncer.

Si vous désirez en causer plus longuement avec moi, je vous invite à venir me voir au stand 24 des Éditions du Septentrion. J’y serai présent et particulièrement :
Le jeudi 3 novembre de 17h à 18h
Le vendredi 4 novembre de 11h à 12h et de 19h à 20h
Le samedi 5 novembre de 14h à 15h et de 17h à 18h
Le dimanche 6 novembre de 13h à 14h

Je vous invite aussi à venir discuter avec moi de cette affaire judiciaire au Café des écrivains Télus, le samedi 5 novembre de 16h à 17h.


Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca


L’analyse conjecturale. Elle se résume ainsi : 1) tel fait est certain 2) tel autre est plausible ou douteux 3) et tel autre est impossible. Voyez mes notes pour la présentation de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte, p. 5 et 6.